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Livre IV.
Chapitre 2. LES MONDES DU CHÂTIMENT  


          À l'époque de la préhistoire, les forces démoniaques étaient occupées à ralentir le développement des sociétés primales et à préparer les couches transphysiques des magmas et du noyau à la réception des millions d'âmes de la future humanité. Un peu plus tard, déjà à l'époque historique, ils créèrent des chrastres et la sakouale des huitzraors. La plupart des purgatoires surgirent à des temps encore plus récents.
          L'exposition des mondes du châtiment commence avec les purgatoires, parce qu'ils sont plus proches de nous que les autres. Aussi, ils sont comparables à des concepts qui nous sont familiers, et si le chemin posthume est descendant, la descente commence justement à partir des purgatoires. Dans la plupart des cas, elle s'arrête là.
          Le mot «purgatoire» est tiré du catholicisme, mais le panorama de ce, dont nous allons parler ci-dessous, ne coïncide pas en tout avec les idées catholiques. On pourrait appeler ces couches «schéols», mais les images judaïstes de ces pays sombres des morts ne seront pas non plus reproduites dans ma présentation. 

          Les purgatoires se diffèrent quelque peu d’après leur métaculture ; même pris séparément, chacun d'entre eux subit des transformations considérables au fil des siècles. Ils se sont également formés à différentes époques. Dans les métacultures de l'Antiquité, y compris Byzance, ils n'existaient pas du tout. Plus précisément, à leur place se trouvaient des mondes de souffrances sans espoir. Un écho de cette connaissance mystique sur le désespoir dans des lieux de la souffrance se fait clairement reconnaître dans la plupart d'anciennes religions.
          Le plus ancien des purgatoires appartient à la métaculture Indienne : c’était le premier synclite dans l'histoire de l'humanité à avoir atteint un tel pouvoir de la Lumière, qui était nécessaire pour empêcher les forces de Gagtoungre de transformer la sakouale de certaines couches posthumes de rédemption en lieux de souffrances. La métaculture Indienne avait hérité cette sakouale des humanités les plus anciennes – des daïmôns et des titans. Plus tard, certaines couches des métacultures du judaïsme, du christianisme et de l'islam furent transformées en purgatoire, elles aussi : ce qui y avait une importance décisive était la résurrection de Jésus Christ, Sa descente dans les mondes démoniaques et la lutte ultérieure des synclites chrétiens avec les démons pour adoucir la Loi du Châtiment, qui durait des siècles. Mais dans la métaculture Byzantine, cette lutte ne fut pas couronnée de victoire. Le camp ennemi rendit une résistance insurmontable, suite à quoi la métaculture Byzantine se détacha d'Enrof. J'ai déjà mentionné l'importance du fait que l'orthodoxie byzantine n'avait pas accepté l'idée du purgatoire lorsqu'ils avaient apparu dans l'Église Occidentale. Dans les perspectives terrifiantes du tourment éternel qui attendait une âme pécheresse, il faut aussi chercher la flamme de ce maximalisme ascétique, qui carbonisait l'esprit religieux byzantin jusqu'à la toute fin de son histoire. Oui, devant les visionnaires spirituels de Byzance, se sont ouvertes les profondeurs eschatologiques avec tous les extrêmes de leur cruauté démoniaque. Il faut s'étonner non pas des excès désespérés de l'ascèse dans ce pays, mais plutôt du fait que toutes les métacultures dépourvues de purgatoires n'ont pas de tels excès.
          Dans la métaculture Russe, le premier schéol a été créé au XIIe siècle : il a été transformé à partir du lieu de souffrance par les forces de Jésus. Au fil du temps, il a quelque peu changé d'apparence, ces charges karmiques qui attirent les morts dans ce monde ont également changé. Cependant, le côté automatique du fonctionnement de la loi du châtiment reste, bien sûr, immuable toujours et partout : il consiste dans le fait que la violation des lois morales entraîne un alourdissement du poids du corps éthérique de la personne. De son vivant, le corps éthérique surchargé reste à la surface du monde tridimensionnel : le corps physique lui joue le rôle de bouée de sauvetage. Mais dès que le lien entre eux est rompu par la mort, le corps éthérique commence à s'enfoncer de plus en plus profondément, de couche en couche, jusqu'à atteindre l'équilibre avec son milieu. Voilà comment ça marche en gros. Mais il y a aussi des êtres qui veillent à son fonctionnement sans échec : les gardiens du karma. C'est une catégorie à part : parmi les différents démons de Chadanakar, ce sont des extraterrestres. D’abord, les hordes démoniaques de la planète Daïa furent expulsées hors de sa bramphature – dans celle de son satellite. Peu après, ce satellite périt – il se transforma en un tas de décombres morts – des astéroïdes, ses habitants ténébreux dispersèrent alors dans l'espace de l’univers à la recherche de nouveaux refuges. Certains d'entre eux pénétrèrent dans Chadanakar, ayant conclu une sorte de traité avec les forces de Gagtoungre. Ce sont des êtres d'une grande intelligence, mais avec un champ émotionnel aussi froid que de la glace. Ils sont étrangers tout aussi à la haine comme à l'amour, à la méchanceté comme à la compassion. Ils prirent la responsabilité du dispositif du karma, et cela leur permit de combler la perte de leur vitalité avec les émanations d'angoisse mentale des personnes qui, après avoir vécu dans Enrof, étaient obligées de descendre dans le Scrivnus, le Ladref et le Morod – les couches supérieures des purgatoires. Les dimensions de ces créatures sont énormes ; ils sont translucides et gris, comme du verre terne, leurs corps sont rectangulaires, et leur gueules, assez curieusement, ont une ressemblance avec des museaux des chiens de garde : des oreilles saillantes, des yeux vifs et attentifs. Ils n'entrent en bataille avec les forces de la Lumière que lorsque ces dernières effectuent un travail afin d’adoucir les lois du karma et de transformer les purgatoires.
          Le premier des purgatoires s'appelle Scrivnus. C'est un tableau d’un monde privé du divin et d’une société d’incrédules sans détours. Un paysage incolore ; une mer de couleur gris plomb qui ne s'agite jamais. L'herbe étiolée, les arbustes abougris et les mousses ressemblent dans une certaine mesure à notre toundra. Mais la toundra se couvre de fleurs au moins au printemps ; quant au sol du Scrivnus, il ne donna naissance à aucune fleur. Ici, les habitations des millions de personnes, qui étaient humains autrefois, sont des creux enfermés entre des pentes basses mais inaccessibles. Le Scrivnus ne connaît ni amour, ni espoir, ni joie, ni religion, ni art ; de même, il n'a jamais vu d'enfants. Le travail sans fin n'y est interrompu que pour le sommeil, mais il est dépourvu de rêves et le travail – de créativité. Quelques énormes créatures effrayantes ne sommeillent pas de l'autre côté des pentes : de temps à autre, ils lancent des tonnes d’objets de là-bas, qui glissent dans les airs. Chaque objet trouve lui-même celui qui doit s’en occuper : rafistoler des chiffons délabrés dont personne n'a besoin, laver des bouteilles et des pots barbouillés d'huile et de boue, polir des débris en métal. Le travail et le sommeil passent principalement dans une sorte de longues casernes, sectionnés à l'intérieur par des murets à mi-hauteur.
          L'apparence des habitants garde complètement la forme humaine, sauf que leurs traits sont effacés et lisses. Ils ressemblent à des crêpes : presque complètement similaires les uns aux autres. Cependant, le souvenir de leur vie dans Enrof non seulement est préservé dans l'âme de ces habitants, mais il les ronge, comme le rêve d'un paradis perdu. Le plus tenace des tourments du Scrivnus est l'ennui de l'esclavage inconsolable, l'ennui du travail, l’absence de toutes perspectives. 

          Car le seul vrai moyen de sortir d’ici leur semble non pas une perspective, mais un cauchemar dont la menace plane toujours au-dessus de leur tête. Cette sortie consiste dans le fait qu'un navire noir se pointe en mer, il ressemble à une boîte glissant rapidement et silencieusement vers le rivage. Son apparition plonge les habitants dans la panique, car personne ne sait s'il est à l'abri d'être absorbé par le noir complet de sa soute. En emportant un certain nombre d'entre eux – ceux dont le fardeau du karma condamne à la souffrance dans des couches plus profondes – le navire se retire. Les détenus dans la soute ne voient pas le chemin qui se fait. Ils sentent seulement le mouvement horizontal se remplacer par une descente en spirale, comme si le navire était emporté par un Maelström tourbillonnant.
          Ceux qui n’éprouvent pas de remords pour de vices graves ou des crimes, mais dont la conscience dans Enrof était séparée de la volonté et de l'influence de son chèlte par un mur sourd de soucis quotidiens et de préoccupations uniquement matérielles finissent leur souffrances rédemptrices ici, dans le Scrivnus.
          La couche suivante est similaire à la précédente, mais elle est plus sombre : comme si elle s’était figée dans un crépuscule indéfini au bord de la nuit éternelle. Il n'y a pas de constructions ici, pas de foules de gens ; cependant, chacun sent la présence invisible de beaucoup d'autres : les empreintes de mouvements, semblables à des empreintes de pas, trahissent leur présence. Ce purgatoire s'appelle Ladref, et des dizaines de millions de personnes y passent un court séjour. Ceci est une conséquence du manque de foi, qui n'a pas permis aux forces de la spiritualité de pénétrer dans le cœur de la personne et d'alléger son corps éthérique.
          Celui qui doit subir une autre descente, la perçoit subjectivement comme s'il s'était endormi et puis soudainement réveillé dans un environnement changé. En fait, les êtres démoniaques – les exécutants du karma – le transfèrent pendant l'oubli dans un autre flux temporel, alors que le nombre de coordonnées spatiales – trois – reste le même dans tous les schéols. 

          Le rédempteur de son karma se retrouve dans l'obscurité totale, où seuls le sol et les homologues de rares végétaux sont faiblement phosphorescents. Grâce aux roches lumineuses, le paysage n'est pas dépourvu d'une beauté sombre à certains endroits. C'est la dernière couche, où il y a encore ce que nous appelons la Nature dans le sens général. Les couches suivantes ne seront caractérisées que par le paysage urbain. 
          Ici, dans le Morod, règne le silence absolu. Toute personne qui s’y trouve ne perçoit pas du tout les autres habitants et croit être complètement seule. La peine d'un grand abandon la recouvre comme une coquille de fer. Inutile de courir, prier, appeler à l'aide, chercher – on n’a rien d’autre à faire que communiquer avec sa propre âme. Et l'âme est criminelle, sa mémoire est tachée par l'atrocité commise sur terre, et pour une telle âme il n'y a rien de plus effrayant que la solitude et le silence. Ici, chacun comprend le sens et l'ampleur du mal commis sur terre, il en boit entièrement et vide la coupe de l'horreur de son crime. Et rien ne distrait le malheureux de ce dialogue interminable avec soi-même, pas même la lutte pour l'existence. Car il n'y a aucune lutte ici : la nourriture y est en abondance, ce sont certains types du sol. Les vêtements ? Mais dans la plupart des couches, y compris le Morod, le corps éthérique irradie lui-même le tissu qui le recouvre : ce que nous remplaçons par des vêtements. Et si dans les mondes des Lumières, il est beau et lumineux, alors dans le Morod, l'infériorité créative de ses habitants ne permet de créer que des lambeaux éthériques. D’ailleurs, des haillons misérables de ce type enveloppent le corps astral-éthérique d’un rédempteur déjà dans le Ladref.
          Celui, dont la conscience ne peut être nettoyée même par le Morod, est attendu non par une descente, mais par une chute soudaine et effrayante dans la couche suivante. Cela ressemble à un bourbier dans lequel le malheureux est tombé de manière inattendue pour lui et qui l'engloutit : d'abord les jambes, puis le corps et, enfin, la tête. 

          Le récit atteint l’Agre, une couche de vapeurs noires, entre lesquelles, comme des îlots du miroir noir, sont incrustés les reflets de grandes villes d'Enrof. Cette couche, comme tous les purgatoires, n'a pas d’étendue cosmique. C’est pour cela qu’il n'y a ni soleil, ni étoiles, ni lune : le ciel est perçu comme une voûte solide enveloppée d'une nuit permanente. Certains objets émettent de la lueur, et la terre, comme si trempée de sang, se rougeoie vaguement. Il n’y a qu’une couleur qui domine ici : dans Enrof, nous ne pouvons pas la voir, et selon l'impression qu'elle produit, elle ressemble très probablement au cramoisi foncé. Il semble que ce soit cette lumière invisible, qui s'appelle en physique infrarouge.
          Je connais à peine, vraiment très peu, l’infra-Pétersbourg. Je me souviens qu'il y a aussi une grande rivière, mais noire comme de l'encre, et des bâtiments émettant une lueur rouge sang. En quelque sorte, cela ressemble à l'illumination de nos nuits de fêtes, mais cette ressemblance est sinistre. Physiquement, ceux qui sont tombés dans ce monde, ressemblent, dans une certaine mesure, à des gnomes : l'apparence humaine est toujours préservée, mais les formes sont laides et sordides. Leur taille est réduite. Leurs mouvements sont ralentis. Leur corps n'irradie plus aucune matérialité qui remplace les vêtements ; c’est le règne de la nudité impuissante. L'un des tourments de l'Agre est d’être dépassé par sa honte et de contempler sa propre nullité. Un autre tourment est dans le fait que la personne éprouve ici, pour la première fois, une pitié douloureuse pour ses semblables et qu’elle commence à prendre conscience de sa part de responsabilité concernant leur sort tragique.
          Le troisième tourment de ces malheureux est la peur. Elle est générée par la présence d'autres créatures dans l’Agre, les prédatrices de nature démoniaque : les volgres. Lorsque nous nous approchâmes du bâtiment qui composait le corps éthérique obscur du château d’Ingénierie, je distinguai une créature assise immobile sur son toit, énorme, aussi grande qu'un lézard de l'ère mésozoïque. Ce fut une femelle, son corps était ample et lâche, sa peau – grise et spongieuse. Solitaire, une joue blottie contre la tour et l'embrassant de sa patte droite, elle  regardait, la pauvre, fixement devant elle avec, me semblait-il, des orbites complètement vides. Elle était profondément malheureuse. Je pense qu’elle avait douloureusement envie de crier ou de hurler, mais elle n'avait ni bouche, ni gueule. Quoique, même le sentiment de pitié pour elle pouvait être lourd de conséquences : la prédatrice teigneuse guettait sa victime, et tout être humain pouvait le devenir. Dans une peur bestiale des volgres, les pauvres gnomes se cachaient dans les recoins ou se faufilaient, retenant leur souffle, au pied des bâtiments adoptés par ces monstres. Être dévoré, ou plutôt épongé par une volgre à travers sa peau poreuse, signifiait pour eux mourir dans l’Agre, pour ensuite émerger encore plus bas, dans le Boustvitch ou dans le redoutable Raphag.
          Plus tard, je vis que les volgres étaient nombreuses, qu'elles avaient une certaine intelligence, et que la civilisation rugueuse et sombre qui caractérise l’Agre était précisément leur création. Elles n'avaient encore presque pas de dispositifs mécaniques pour faciliter le travail. Elles entassaient manuellement les constructions, que je voyais tout autour, à partir d'un matériau semblable aux troncs d'arbres géants de Californie. Et dès qu’un morceau de ce matériau se soudait étroitement au reste, il commençait à émettre une lueur cramoisi terne qui n’éclairait quasiment rien autour. Quel était le rapport entre les bâtiments des villes humaines d'Enrof et les structures des volgres dans l’Agre m'est resté peu explicite.
          Bien sûr, elles ne possédaient pas une langue sonore, mais avaient quelque chose comme une langue des signes. Les bâtiments qu'elles construisaient étaient destinés, apparemment, pour s'y cacher des courtes averses violentes qui se déversaient d’une minute à l’autre. Ces averses étaient noires.
          Ce qui est également étrange chez elles, c’est sûrement le fait que les volgres n'ont pas deux sexes, mais trois. Le mâle féconde un individu du sexe moyen qui porte l'embryon pendant un certain temps, puis le transmet à la future mère.
          Et pourtant, ça et là, il y avait une sorte d’îlots qui s'entremêlaient dans cette civilisation : des bâtiments silencieux, pas du tout lumineux. Les volgres ne s'approchaient même pas d'eux : apparemment, elles étaient gênées par quelque chose qui m'était invisible. De tels bâtiments se trouvaient à la place de la cathédrale Saint-Isaac et de certains autres temples de Saint-Pétersbourg : ils étaient le seul refuge contre les volgres, où les martyrs de l'Agre pouvaient se sentir en sécurité, même si ce n’était qu'un court moment. Qui les a dressés ? Quand ? A partir du quel matériau ? Je l’ignore. La faim empêchait les malheureux de se cacher dans ces abris : elle les poussait à la recherche de la moisissure comestible qui recouvrait les fondations de cette cité sans joie. 

          Si un karma lourd ne fait pas de celui qui est arrivé ici une victime d’une volgre et s'il ne se réveille pas dans le prochain des mondes descendants, il subira, tôt ou tard, une transforme qui l’élèvera vers le haut. Celui qui arrive à la fin de sa rédemption change progressivement de corps. Il grandit, ses traits réapparaissent, rappelant les traits qu'il possédait auparavant, et les volgres n'osent plus l'approcher. Quant à la transforme, elle se fait avec l'aide des frères de la Russie Céleste : étant descendus dans l’Agre, ils entourent la personne qui a terminé l'épreuve. Seuls ceux, parmi les gnomes, qui seront bientôt élevés d'ici de la même manière peuvent assister à un tel événement. Mais tandis qu'ils observent cette scène en tant que spectateurs, il leur semble que les frères du Synclite soulèvent la personne libérée sur leurs ailes ou sur les plis des voiles lumineux. Les volgres, saisies d'une panique et d'une frayeur mystique, aperçoivent cet événement de loin, mais sont incapables de comprendre quoi que ce soit.
          L'échelle d'ascension n'est fermée à aucune monade démoniaque, pas même aux volgres. Mais une telle inversion requiert une clarté de conscience si aiguë, qu'on ne rencontre presque jamais ici.
          Parfois, il est possible d’y trouver une chose vraiment différente : à certains endroits, le paysage est diversifié par des taches phosphorescentes, semblables à d'énormes pourritures. Elles ont quelque chose de la verdure cadavérique... C'est comme cela que l’on voit dans l’Agre une autre couche transparaître d’en dessous : c’est le Boustvitch. Tout est en train de pourrir là-bas, mais jamais jusqu'au bout ; le tourment du Boustvitch est un état qui combine la putréfaction du vivant avec la léthargie spirituelle. Les âmes de ceux qui dénouent les nœuds de leur karma dans le Boustvitch sont alourdies par l’attirance vers le charnel ombreux, dont ils n'ont élaboré aucun contrepoids au cours de leur vie sur terre. Ici, le prisonnier est rongé par un dégoût accablant de soi, car son corps éthérique s'était transformé en une sorte d'excréments. Car, aussi effrayant et dégoûtant soit-il, mais le Boustvitch, en vérité, n'est rien d’autre que les impuretés des volgres.
          Ici, l'angoisse mentale s’accompagne déjà par la torture corporelle : la capacité de bouger est extrêmement limitée, ainsi que la capacité d’autodéfense. Et cette dernière est vitale pour tout prisonnier, car d’autres créatures vivent à leurs côtés entre leurs incarnations dans l'un des mondes d’élémentaux démoniaques : les âmes de petits démons humanoïdes aux corps éthériques obscurs, mi-vers mi-humains à la taille d’un chat. A vif, lentement, petit à petit, ils dévorent dans le Boustvitch ceux qui étaient humains d'Enrof autrefois. 


 



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