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Livre III. Chapitre 2. LES ZATOMIS 

          Les sommets de métacultures, qui s’appellent les zatomis, coïncident jusqu’à certains points avec les contours géographiques des cultures correspondantes dans Enrof. L’espace de tous les zatomis est quadridimensionnel, mais chacun d’entre eux possède son propre nombre de coordonnées temporelles. La matérialité de cette sakouale a été créée par une des hiérarchies d’anges – par les Dominants. Quant aux zatomis propres, ils se font bâtir lentement par les efforts mutuels des hiérarchies, des héros, des génies, des saints et des masses du peuple, lorsque que le supra-peuple, qui les avait avancés, continue son chemin dans l’histoire. Les zatomis continuent à se faire bâtir même après que le chemin historique du peuple se termine, lorsque les millions de ses monades immortels font encore leur ascendance d’une hauteur de la connaissance du monde et de la créativité à l’autre.
          Le fondateur de chaque zatomis est l’un des grands esprits-hommes.
          Le panorama de ces couches rappelle vaguement notre nature. Je dirais que les seuls éléments du paysage terrestre les plus proches de celui des zatomis, ce sont le ciel et les nuages. Nos océans et les mers sont présentés comme des zones de vapeurs claires, facilement perméables et scintillants : ce sont les âmes des élémentaux de la mer. A la place des rivières d’Enrof, il y a leurs âmes – les formations d’une beauté inouïe, à laquelle l’on n’arrive même pas à faire allusion par des mots : « les brumes scintillantes ».
La végétation ressemble peu à la nôtre : ce sont les âmes des élémentaux, dont on va parler plus tard. Pour l’instant, je pense, qu’il est suffisant de dire que les zatomis comportent les âmes de certains élémentaux entre leurs incarnations.
          Les jours et les nuits se suivent comme sur Terre suite à la rotation de la planète sur son axe. Le climat est principalement beau et agréable.

          L’humanité suprême – les synclites des métacultures – c’est notre espoir, notre joie, notre soutien et assurance. Les saints, certains sages et les héros y entrent  presque immédiatement après leur mort, ils passent rapidement à travers les mondes des Lumières. La plupart de ces âmes a fait le chemin au cœur du peuple sans laisser de traces ni dans les chroniques, ni dans les légendes, et aucune histoire ne pourra nous rien raconter sur eux. Ils ne restent que dans la mémoire de ceux qui les connaissaient ou en entendaient parler. Ce sont les héros invisibles de notre vie. Penser autrement – c’est-à-dire, imaginer que le synclite d’une métaculture est un recueil des personnalités célèbres – voudrait dire que notre mental dort encore d’un sommeil profond. 
          Les autres, surtout les porteurs de dons bénéfiques, même tombés dans la profondeur des purgatoires, sont élevés de là-bas par les forces de la Lumière, et ayant réduit le temps de leur purification, ils entrent dans leur synclite. Ces génies des arts, les sages, les héros, ils ont tous dénoué leurs nœuds karmiques dans Enrof, et la mort se présente pour eux comme les portes grandes ouvertes des zatomis. Les troisièmes, alourdis, ne sont pas encore prêts à passer les niveaux supérieurs après la mort. Eux, ils doivent d’abord passer les niveaux dans les purgatoires supérieurs – supérieurs par rapport aux cercles des magmas et le noyau de la Terre, mais inférieurs par rapport à nous. Des milliers de telles âmes, ayant atteint leur Gotimne, ne choisissent plus les descentes dans Enrof, mais le travail et la grande lutte dans les fraternités des zatomis.
          Un autre type d’âmes sont celles qui ne se sont pas alourdies des chutes, plutôt au contraire. Mais leur  champ de vision, le volume de connaissances et leur sensation du cosmos, même ayant grandi après l’Olirne, ne sont pas énormes. Le chemin de l’Olirne n’est que le début du voyage pour elles, parfois très long, qui peut durer des siècles, jusqu’à ce qu’elles puissent comprendre les devoirs et la sagesse du synclite. Ainsi, entre leur dernière mort dans Enrof et leur entrée dans le synclite, ces âmes ne se rachètent pas, mais se développent et s’enrichissent.
          En général, le chemin des réincarnations n’est pas une loi universelle. Mais la plupart des monades suit ce chemin quand-même. Elles ont déjà essayé un nombre de naissances parmi les différents peuples d’Enrof, dans d’autres métacultures et même dans d’autres millénaires. Et avant l’humanité, beaucoup d’entre elles ont passé leur chemin dans d’autres royaumes de Chadanakar – leurs chèltes ont pu être placés au-dessus des créatures du règne végétal ou animal. Dans les anciennes époques, certains ont connu les incarnations dans l’humanité des titans, ou parmi les anges ou les daïmons. Les souvenirs de cette guirlande de naissances sont gardés dans leur mémoire fossile ; et le volume de la personnalité spirituelle de ces monades est particulièrement étendu, l’abîme de leur souvenirs est particulièrement profond, leur sagesse se distingue par une latitude exceptionnelle. Les porteurs d’un don suprême de génie artistique, auxquels j’ai dédié plusieurs chapitres de ce livre, ont une guirlande semblable d’incarnations derrière eux. Au contraire : la plupart des saints des métacultures chrétiennes, contrairement à ceux des métacultures orientales, connaissent un autre chemin d’ascendance : celui qui les fait passer par Enrof seulement une fois. Mais lors de leur passage par d’autres couches ils voient de telles hauteurs, que le souvenir de ça brille dans leurs âmes telle une étoile, dont les rayons démêlent dans leurs cœurs des filets d’obscurité pendant leur vie unique sur terre.
          Les activités des synclites sont extrêmement diverses et larges, et en grande partie incompréhensibles pour nous. Je pourrais indiquer trois aspects de leurs activités : aide – créativité – lutte.
          Aide – à tous ceux qui n’ont pas encore atteint les zatomis. Les anges des ténèbres, les maîtres des purgatoires, n’auraient pas laissé sortir leurs victimes pendant des siècles encore, sans les efforts continus des synclites. Les magmas et les mondes terrifiants du noyau terrestre auraient retenu les martyrs jusqu’à la troisième période mondiale (actuellement, ce n’est que la première qui se termine). Sans les synclites, les habitants d’Enrof, seraient entourés d’une carapace quasi imperméable de ténèbres spirituelles. Mais ce travail, qui sauve les uns, soulage les autres, protège les troisièmes, enrichit les quatrièmes et éduque les cinquièmes – ce n’est qu’un aspect.
          L’autre aspect, c’est la création de valeurs autonomes dont l’importance est impérissable. Seulement pour nous, traduire le sens du travail des synclites en nos termes est exclu complètement. Ce qui nous est accessible dans une  mesure limitée au minimum, c’est  juste la contemplation de leurs créations.
          Le troisième aspect des activités des synclites est plus évident à comprendre – c’est leur lutte contre les forces démoniaques. On peut dire qu’ils doivent se battre physiquement, mais, bien sûr, leurs armes n’ont absolument rien à voir avec celles d’Enrof. Elles sont diverses ; elles dépendent du niveau de maîtrise de soi et de ce, face à qui elles sont dirigées. Le principe général de leurs armes se caractérise par la concentration de la volonté qui paralyse l’ennemi. Mourir au combat est impossible pour les frères du synclite. Par contre, ce qui est possible en cas de défaite, c’est une longue captivité dans les profondeurs des forteresses démoniaques.
          Les paysages des zatomis se déclinent en cités, qui ressemblent très peu aux nôtres, puisqu’il n’y a pas d’habitations au sens propre du terme. La fonction des constructions est très particulière : ce sont principalement les lieux de communication des frères du synclite avec d’autres mondes ou avec les esprits d’autres hiérarchies. Les bâtiments où se déroule leur communication dans ses aspects les plus élevés avec les monades des élémentaux, s’appellent les chéritals. Et pourtant, l’architecture des zatomis peut nous rappeler des styles que l’on connaît, mais d’un genre beaucoup plus élevé. Cela, suite à des processus parallèles, qui sont difficiles à comprendre. Difficiles, mais il faut les comprendre. En fait, lorsque les belles constructions d’Enrof s’alimentent des émanations des multitudes de psychés humaines, elles obtiennent une âme, ou plutôt, un corps astral : ce sont ces corps astraux qui se trouvent dans les zatomis. En même temps, il existe dans les zatomis des constructions, dont il n’y a aucun équivalent dans Enrof. Il y a aussi ceux qui ont été captés, compris et prévus par les créateurs d’Enrof, mais l’histoire leur a mis un obstacle insurmontable.
          Les frères des synclites peuvent traverser les mondes d’ordre descendant jusqu’aux magmas et monter jusqu’aux couches très élevées qui apparaissent comme les Aspects Supérieurs de Transmythes des religions du monde.
          Chaque zatomis a sa langue métamorphosée qui correspond à celle de son pays dans Enrof. Ici, ce n’est pas seulement la langue sonore, mais aussi lumineuse. Il n’est pas du tout étrange d’appliquer à ces langues notre terme « le fond » vocabulaire ; il faut noter que ce fond est tout à fait différent du nôtre, il possède une autre réserve de notions bien plus riche. Mise à part les langues des métacultures, il existe une langue commune pour tous, d’où viennent les noms des couches, des créatures et des hiérarchies. La rapidité et la légèreté d’apprentissage des langues ici n’est pas comparable au même processus dans Enrof : cela se fait sans aucune difficulté, tout seul. La langue véhiculaire des zatomis est appelée aussi la langue du Synclite du Monde, mais ce n’est pas tout-à-fait exact : le Synclite de Monde, dont on parlera plus tard, connait des formes de communication, qui n’ont rien à voir avec des langues sonores. Lorsque les frères du Synclite du Monde descendaient dans les zatomis, ils cherchaient à créer la langue unique des zatomis, voilà pourquoi cette langue porte le terme « synclite ».
          Hormis les synclites, on trouve aussi d’autres entités dans les zatomis : les futurs anges. Ce sont les créatures de Dieu les plus merveilleux, et si nous nous souvenons des sirines
[1] et des alkonostes de nos légendes, nous aurons alors une idée de ceux dont la présence embellit la vie dans le zatomis de la Byzance et celui de la Russie : on pourrait imaginer les êtres destinés à devenir plus tard les « archanges du soleil ».
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[1] Sirine, alkonoste – est une créature prophétique du folklore antique russe. Elle a la tête et le buste d’une très belle femme et le corps d’un oiseau. – N.d.T. 




Sirine,  représentation du XVIII s. 


Repr
ésentation moderne de sirine

(par Eléna Yermakova)

 




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