Oui, ce sont précisément les mondes de ces entités élevées que nous ne pouvons appeler autrement que de grandes Hiérarchies : beaucoup d'entre elles étaient autrefois des objets de culte et de vénération dans les anciennes religions de pays différents. Dans les images égyptiennes, babyloniennes, grecques, germaniques anciennes, aztèques et dans certains aspects des divinités suprêmes du panthéon indien, ces êtres sublimes se reflétaient, dans une certaine mesure, comme ils étaient imaginés dans les consciences des peuples en ces temps lointains, mais pas comme ils le sont maintenant. Au cours des siècles écoulés depuis l'apparition et l'apogée de leurs cultes dans Enrof, ces entités atteignirent leurs plus hauts sommets.
Je peux dire que les sphères de cette sakouale ne sont plus attachées à une certaine métaculture : ces couches inférieures de Chadanakar, divisées verticalement et formant des segments des métacultures de l'humanité, sont restées loin derrière, ou plutôt en bas. La division en couches de la sakouale des Hiérarchies est déterminée par le principe de la force et des hauteurs atteintes par chacune de ces grandes entités.
Encore une fois, je ne connais que les noms de ces couches. Mais je ne suis pas totalement certain si leur forme phonétique, exprimée en lettres, correspond bien à la vraie sonorité de ces noms. Il ne fait aucun doute que ces noms ne doivent être pris que comme une approximation la plus grossière :
Aolinor,
Ramnagor,
Playragor,
Forahigor,
Stranganor,
Tséliror,
Lihanga,
Dévénga,
Siringa,
Khranga,
Ganga.
Si, lors de la réflexion métahistorique, accorder à l'esprit une liberté absolue, il se mettra, de par sa nature, à introduire dans les dimensions, les proportions et – pardonnez-moi cette expression – dans les particularités de la métahistoire, ses catégories familières de notre couche physique et historique et des normes logiques type scientifique. En particulier, son penchant pour l'uniformité et l'ordre, naïvement compris comme symétrie, se manifestera cette fois dans le fait qu'il lui semblera normal qu’au-dessus des suprapeuples, il y ait – dans un sens métahistorique – des groupes identiques de Hiérarchies participant à sa vie. En réalité, ce n'est pas le cas.
Il est vrai qu’il n’existe pas de suprapeuple (précisément un suprapeuple et pas une nation) que son démiurge ne présiderait, car alors ce ne serait pas un suprapeuple, mais une juxtaposition aléatoire de plusieurs nationalités non reliées par aucun caractère commun. Et il n’existe pas de nation qui ne possèderait pas une Âme Collective Idéale, car ce serait alors une somme arithmétique d’individus momentanément et accidentellement rapprochés les uns des autres. Mais, tout d'abord, l'Âme Collective Idéale n'est en aucun cas un ensemble de propriétés psychologiques ou autres d'un peuple isolé qui déterminent son dessin historique différent des autres. L'âme Collective Idéale est une
entité possédant une grande monade unie, qui cache en elle les prototypes des possibilités plus élevées de la nation ; elle est revêtue du tissu matériel des espaces multidimensionnels. Au cours de la formation historique d'une nation et de la maturité personnelle de ses individus, une partie subtile, de plus en plus importante de chacun d'eux, s'approche de son Âme Collective et est embrassée par elle, lui conférant le caractère collectif.
Presque toutes les métacultures ont plusieurs âmes collectives de la nation, mais, en règle générale, l'une d'entre elles appartient à une hiérarchie différente des autres. Elle seule est
née de Dieu, comme le démiurge du même suprapeuple, et ils sont liés tous les deux par des liens d'amour particuliers, mystérieux, spirituels et matériels. Ces âmes collectives constituent la Hiérarchie
des Grandes Sœurs ; dans la bramphature terrestre, il y en a une quarantaine. Chaque nation déterminée a une Âme Collective, et les autres âmes collectives (
les Petites Sœurs) possèdent des monades
créées par Dieu. Elles, ces Petites Sœurs, sont liées aux esprits guides du peuple, aux inspirateurs des nations qui font partie du suprapeuple, mais ne jouent pas un rôle de premier plan dans son histoire. Cependant, certaines des Petites Sœurs parcourent leur chemin métahistorique sans compagnons-guides du peuple. Il existe également des situations intermédiaires, qui durent parfois un siècle ou plus, où la nation, avec son Âme Collective et son esprit guide, reste en dehors ou entre les métacultures. Comme exemple, on peut citer les peuples des Balkans, qui faisaient autrefois partie de la métaculture Byzantine. Les Grecs, les Serbes et les Croates ont été réduits en esclavage par l’un des huitzraors de la métaculture musulmane, et désormais, ils se trouvent dans l’espace entre les métacultures Romano-catholique et celle de la Russie. Non moins tragique est le sort de la nation Bulgare, qui faisait également partie du suprapeuple byzantin et était destinée à un avenir immense – à la primauté spirituelle et culturelle dans le monde chrétien de l’est. Huitzraor de Turquie a privé à jamais la nation bulgare de telles perspectives, défigurant et, pour ainsi dire, raccourcissant ses ailes spirituelles. Actuellement, elle s’apprête à faire partie du suprapeuple russe. Quant aux Roumains, ils commencent tout juste à émerger en tant que nation. Leur Âme Collective et le guide spirituel du peuple sont toujours très haut, et ils sont à peine en contact avec cette nation dans Enrof. Ils n'atteindront pas de sitôt la plénitude de leurs forces.
Le démiurge du suprapeuple possède, lui aussi, une grande monade
née de Dieu. C’est un esprit encore plus puissant et plus dynamique, mais pas du tout collectif. Il est un.
Dans une métaculture, il est lié à l'une des Grandes Sœurs – à l'Âme Collective de la nation principale. Il existe cependant des collisions plus complexes. Dans la métaculture du Nord-Ouest, par exemple, le démiurge du suprapeuple était associé, jusqu'au 19ème siècle, à l'une des Sœurs – à l'Âme Collective de l'Allemagne. Mais au cours de ce siècle, le deuxième huitzraor allemand devint si puissant que la captivité de cette Âme Collective dans l'une des citadelles de Moudgabre se transforma en un asservissement presque complet de sa volonté, et le démiurge conclut l’alliance avec une autre Grande Sœur, l'Âme Collective de l’Angleterre.
La naissance des monades des deux Hiérarchies – les démiurges des suprapeuples et des Grandes Sœurs – par le Soleil préexistant du Monde ne peut être ni comprise ni imaginée par nous, et toute réflexion logique sur ce sujet est vouée à rester une vaine spéculation. De même, les spéculations, à mon avis, resteront les tentatives qui visent à combler le vide dans nos idées sur les étapes de leur développement cosmique avant leur apparition dans Chadanakar. Dans quelles bramphatures, sous quelles formes ont-ils incarné, quelles étapes ont-ils franchis avant de pénétrer dans les sphères de notre planète ? Je peux me tromper, mais il me semble que de tels mystères sont transcendantaux pour nous. Ces deux Hiérarchies entrent dans le cercle de notre compréhension (et cette compréhension non pas comme un aperçu métahistorique, mais seulement comme une perception passive d'informations à ce sujet, provenant de nos amis invisibles) au moment de la naissance méta-éthérique. Nous utiliserons ce terme pour désigner conventionnellement l’événement par lequel leurs monades entrent dans la matérialité à cinq dimensions de Chadanakar. Du Logos Planétaire, qu’on peut considérer comme un démiurge suprême de notre bramphature, ils reçoivent une certaine impulsion :
la volonté créatrice de se réaliser et de s'exprimer dans les substances tridimensionnelles et quadridimensionnelles du futur suprapeuple, qui n'a pas encore existé et qui ne pourrait exister sans eux. C’est cette impulsion même qui entraîne leur descente, leur habillage dans des tissus de matérialité plus dense, déjà quadridimensionnelle, et marque le début de leur cycle planétaire. Il s'agit de leur seconde naissance en Chadanakar, leur naissance astrale. Bien sûr, ils ne connaissent jamais de naissance physique. Je sais que cette idée n'est pas évidente à concevoir, mais on ne peut l'exprimer de façon plus simple.
Les mondes où résident ces grandes Entités entre ces deux naissances, et où leurs monades résident tout au long de leur cycle en Chadanakar, constituent la
sakouale des Démiurges. Elle est composée de trois sphères. Le pays des Démiurges et des Grandes Sœurs – des Âmes Idéales des suprapeuples – s'appelle
Rangaraydre. Les deux autres s'appellent
Astre et
Oamma. Astre est la patrie et la demeure des monades des Petites Sœurs et des grands esprits-guides des peuples. Malheureusement, je ne peux rien révéler sur Oamma.
Cependant, on peut dire qu’au cours des cinq derniers siècles, parmi les démiurges, il en est un qui non seulement a reçu une mission d’importance mondiale, et pas seulement supranationale, mais qui l’a également réalisée : c’est le démiurge du Nord-Ouest. La création de certaines conditions préalables à l’unification de l’humanité en une entité unique est le fruit de sa créativité au cours des derniers siècles. Dans un avenir proche, une telle gouvernance mondiale passera probablement, pour une courte durée, au démiurge du suprapeuple Russe, puis au démiurge de l'Inde. Par la suite, la gouvernance unique cessera très probablement d'exister.
Yarosvète et Navna sont des noms que j'ai choisis arbitrairement et conventionnellement pour désigner les Entités de la métaculture russe. Les véritables noms des démiurges et des Grandes Sœurs ne me sont pas dévoilés. D’ailleurs, ils sont totalement imprononçables en langage humain
[1].
La mission métahistorique de la future union matrimoniale et de toute vie dans Chadanakar de Yarosvète et Navna – une mission d’importance planétaire – peut être grossièrement décrite comme la naissance par eux, ou plus précisément, l’incarnation éthérique à travers eux d’une certaine Grande Monade Féminine
[2]. Inimaginable, bien sûr, dans aucune incarnation physique personnelle, elle est prête à se déverser au fil du temps dans un réceptacle éthérique, éclairé, appartenant à elle seule, vive et immaculé ; il ne peut être rendu réel que par la pensée de la Fraternité universelle qui surgit simultanément avec sa matérialisation dans Enrof. Le peuple russe, quant à lui, est conçu par son démiurge comme une substance éthéro-physique, non encore éclairée dans Enrof, mais déjà illuminée dans la Russie Céleste. A partir d’elle sera créé ce réceptacle pour la Lumière à double fonction – physique et éthérique –, qui en même temps servira d’arène où cet acte théurgique aura lieu.
[1] Je nourris l’espoir que le lecteur comprendra que toute application aux entités des concepts anthropomorphiques d’âge, de relations conjugales, etc. qui nous sont familiers, ne peut se faire que dans le but de rapprocher notre pensée, à travers les seules analogies possibles, bien que lointaines, d’une compréhension de phénomènes qui, au sens littéral, n’ont presque rien de commun avec les phénomènes qui nous sont familiers.
[2] Par le terme « éthérique », j'entends une matérialité plus subtile et plus élevée que la matérialité physique. L'éthérique désigne la matérialité des mondes de l'Illumination, des zatomis et des Élémentaux de Lumière. Pour désigner une matérialité encore plus subtile, par exemple celle de la sakouale du Haut Devoir et celle des Anges, j’utilise le terme «astral», et pour la plus subtile de toutes les matérialités imaginables, le terme «métaéthérique». Il s'agit de la matérialité des couches les plus élevées de Chadanakar. Le mot «spirituel» s'applique à tout ce qui se situe hiérarchiquement encore plus haut.